Nous avons
été un jour si proches l’un de l’autre dans la vie que rien ne semblait plus
entraver notre amitié et notre fraternité, seul ‘l’intervalle d’une passerelle
nous séparait encore. Et voici que tu étais sur le point de la franchir et
quand je t’ai demandé : « Veux-tu me rejoindre par cette passerelle ? »
_ mais déjà tu ne voulais plus, et à ma prière réitérée tu ne répondis rien. Et
depuis lors, des montagnes et des torrents impétueux et tout ce qui sépare et
rend étranger l’un à l’autre, se sont mis en travers, et quand même nous
voudrions nous rejoindre, nous ne le pourrions plus ! Mais lorsque tu
songes maintenant à cette petite passerelle, la parole te manque _ et tu n’es
plus qu’étonnement et sanglots.
Nietzsche, le
Gai Savoir
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire